Article paru dans le Sud-Ouest le samedi 18 février 2012
Par CHANTAL ROMAN
L'association Entraide 33, aux côtés de la Ligue des droits de l'homme, Femmes solidaires, Femmes de marins-Partage distribue des repas aux SDF.
Les équipes d'Entraide 33, Ligue des droits de l'homme, Femmes solidaires, Femmes de marins unies pour venir en aide aux plus démunis. (photo Ch.R.)
Isabelle (1), 27 ans, sait de quoi elle parle lorsqu'elle évoque « la rue » : « J'y ai vécu six mois, sans le vouloir », raconte la jeune femme, aujourd'hui sortie de ce cercle infernal. Dans une situation familiale inextricable (parents séparés, éloignés) Isabelle se retrouve sans ressources : « Et à la rue, dit-elle. J'avais 25 ans, j'ai fait des tonnes de démarches et on me disait toujours : « Portez plainte contre vos parents ! » Et comment ? Des parents séparés, tous deux au RSA... J'ai donc dû dormir dehors, faire la manche pour survivre. »
Isabelle est une battante : « C'est grâce à la tempête, finalement, que j'ai pu m'en sortir. On demandait des petites mains, sans qualification, pour faire des travaux sur les espaces verts. J'ai eu un salaire et donc un toit. » Mercredi, jour de distribution de repas par l'association Entraide 33, Isabelle était là : « Afin de témoigner de ce que l'on vit », dit-elle.
Douze mois sur douze
Voilà deux ans que l'association Entraide 33 distribue des repas chauds aux sans domicile fixe d'Arcachon : « Douze mois sur douze, chaque mercredi et samedi, explique Jean-Roland Barthélémy, son président.
Mercredi dernier, lors de la livraison de ces repas chauds, cuisinés par les bénévoles de l'association, Jean-Roland Barthélémy avait tenu à réunir les associations œuvrant aux côtés d'Entraide 33 : Ligue des droits de l'homme, Femmes solidaires, Femmes de marins-Partage.
Le réseau d'associations a mené de front plusieurs dossiers durant ces derniers mois, afin d'aider, accompagner les SDF. « Car la distribution des repas chauds - « avec l'aide de commerçants » précise le bénévole -, n'est pas la seule action que nous menons. Notre objectif est d'aider les personnes concernées pour trouver une solution. Interventions en cas d'expulsion, de perte de logement, aide aux démarches administratives, nous jouons notre rôle citoyen. Nous les encourageons à l'autonomie, la seule aide financière apportée étant par exemple une aide d'urgence à l'hôtel en cas de grand froid. Notre activité est complémentaire à l'intervention des services sociaux et des autres associations. Nous n'avons pas vocation à remplacer les professionnels du social, vers lesquels nous orientons, mais nous suivons les résultats obtenus. »
La population concernée ? « Si nous distribuons 20 repas par semaine, actuellement une trentaine de personnes vivent dans la rue sur le Sud-Bassin. Nous avons eu le bonheur de trouver des gens qui ont accepté, spontanément d'offrir un toit à certains. D'autres sont hébergés par le plan grand froid, trois sont encore à la rue et une dizaine squatte des maisons abandonnées. »
Manque de logements
Bien sûr et ce n'est pas nouveau, le manque de logements est criant sur ce Sud-Bassin. Or, c'est la première marche pour trouver ensuite du travail… Entraide 33 fait d'ailleurs appel aux propriétaires de petites structures : « Nous manquons de locatifs de petite taille accessibles à des personnes n'ayant que le RSA pour revenu (2). »
Cela dit, et malgré les difficultés, Jean-Roland Barthélémy tient à apporter des points positifs : « Une collaboration avec le centre communal d'action sociale d'Arcachon s'est mise en place pour les domiciliations, la concertation et l'ouverture des droits et demandes de logement. De plus, nos demandes initiales semblent prises en compte, comme la mise en place du bus solidaire. Des progrès ont aussi été faits dans le plan grand froid. » Tout n'est pas réglé pour autant : « Les SDF sont chassés de lieu en lieu, le manque de locaux d'hébergement d'urgence est de plus en plus criant. »
(1) Le prénom a été changé.
(2) L'association Entraide 33 cherche des studios à moins de 400 euros, des bras et de l'énergie pour faire face à la situation. Contact : les samedis 25 février, 10 et 24 mars de 9 h 30 à 11 h à la Maison des associations d'Arcachon (cours Tartas), 2e étage. Tél. 06 45 87 31 38.
« Il y a urgence »
Ces hébergements d'urgence, les associations en font leur cheval de bataille, Les exemples se multiplient, « comme ces jeunes marins débarqués sur le port de pêche, sans ressources, cette dame encore à la rue il y a quelques jours et pour laquelle une solution provisoire a été trouvée. Aussi Entraide 33 demande «au moins» un dispositif d'hébergement à l'année, avec une offre adaptée en taille, en nombre et en confort. » « L'action doit se situer à l'échelle intercommunale, disent les bébévoles. Les solutions ne peuvent relever d'une seule commune, mais d'une coopération de toutes. » De demander, aussi un local à l'abri « afin de délivrer nos repas. »
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